Après la projection, vendredi soir du film de Pierre Carles Fin de concession, s'attaquant à la privatisation de TF1 et aux rapports Bouygues-Sarkozy en 1987, JMLP a proposé, hier soir, la vision de Vincent Martin, 34 ans, rédacteur et concepteur, cofondateur de Rec Prod, sur l'ancien leader du Front National.
« Je fais ce métier par prétexte »
Le journaliste parisien a suivi Le Pen durant 6 mois, lors de sa dernière campagne aux Européennes, juste avant son retrait de la vie politique. « Je fais ce métier par prétexte, pour voir par moi-même ce qui se passe. J'ai vu beaucoup de documentaires, mais je restais sur ma faim. J'ai l'impression que les grands médias nous ont baladés pendant des années. Le Pen n'est pas brillant ni dangereux ; il n'a pas de vision globale des changements économiques qui nous entourent. Il a fait de la politique pour s'occuper. On nous l'a présenté comme machiavélique. En fait, non, pas du tout. Il est simplement franchouillard », déclare l'ancien diplômé de l'ESJ et ancien reporter à France Inter, qui collabore avec les chaînes américaines ABC et NBC, et qui écrit aussi pour le magazine en ligne Brain.
Les clés pour comprendre
Il ajoute : « Je trouve dommage que la politique soit réservée à des journalistes un peu âgés. Ils ont pour eux l'expérience, mais cela crée aussi des liens, avec le risque de « copinage ». Je suis d'une génération née avec le clip et internet, un boulimique de documentaires. J'ai voulu un montage « contemporain », sans voix off ».
Le journalisme creuse t-il sa propre tombe ? Vincent Martin perçoit « une lueur d'espoir » avec l'apparition de Mediapart, Rue 89, Backchich. info. Il a assisté à la métamorphose de l'information avec internet. « Mais de l'information torrentielle, non vérifiée, de l'information cheap ». Ce qui lui fait dire que « si l'on veut une information de qualité, il faut y mettre les moyens ».
Le rachat des medias par des groupes industriels ? « Cela pose un problème d'éthique. Mais on en revient toujours à la même chose : le nerf de la guerre, c'est l'argent ; et les industriels en ont ».
L'information de qualité ne se résume cependant pas à une question de moyens. « Il faudrait que les journalismes soient plus exigeants avec eux-mêmes. La presse écrite s'effondre, mais il y a de la paresse intellectuelle ; les rédacteurs en chef ont moins d'idées, les angles sont moins variés, les enquêtes moins originales, les textes moins bien écrits ; c'est pépère. Passionné de foot, je n'apprends rien dans L'Équipe, c'est un journal qui ne se renouvelle pas. Sur France Info, sur Europe 1, ce sont des reportages très classiques, on va au plus simple, au plus rapide.
Quant à l'attitude du public, Vincent Martin observe : « Les centres d'intérêt varient, les gens s'intéressent plus au sport et beaucoup moins à la politique. Parce qu'on ne leur donne pas les clés pour la comprendre ».
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